karma

Le karma ;

c’est des multiples vies

qui te permettent

d’arriver plus loin

vers ton bonheur

Mais ;

si tu réalises

que chaque fois

que tu te réveilles et te rendors

c’est un petit peu comme si

tu nais et tu meurs

alors

chaque jour est un cadeau

une vie

ce qui fait que ;

si je dors 365 jours par an

depuis 32 ans,

alors

j’ai vécu 11680 vies

Woouaw !

Et j’en ai plus qu’autant

encore à vivre

Purée !

Ça laisse de multiples possibilités

pour vivre

mon expérience du bonheur

des vies entières

à me faire plaisir

en dépit du bon sens

et partager cette joie

d’être en vies

-au pluriel-

à l’unisson des coeurs karma

qui nous disent

d’être soi

KK Clan

La consigne: faire dialoguer Il & Elle autour du concept d'altérité
– mais je peux pas partir en laissant ça comme ça
– pas le temps, ça urge. On y va. Maintenant !
– mais y a Aristote et le gaz. Mes plantes. Et maman
Il la tire par le bras et la sort de l’appartement. Il claque la porte et dévalent les escaliers dans le noir
– j’ai jamais compris pourquoi tu t’évertues à la laisser empiéter comme ça… Elle s’occupera du chat. Viens !
– elle passera pas avant demain et Aristote…
– cours, on n’a plus le temps
Le moteur d’un taxi ronfle devant l’immeuble
(au chauffeur)
– maintenant à l’aéroport et prenez le chemin le plus court
– tu l’as jamais aimée hein ma mère. Avoue ? Bon, c’est vrai qu’elle a son caractère mais personne n’est parfait
– chérie, écoute, pour une fois qu’on a l’occasion de prendre du temps pour nous, laissons ta mère en dehors de ça, ok ?
– tu peux pas sans cesse esquiver le sujet Kevin, ma mère c’est pas une poussière qu’on éjecte d’une chiquenaude, c’est une personne Kevin, et si j’ai décidé de parler de ma mère, on parlera de ma mère
Kevin soupire. Le taximan jette un regard dans son rétro. Leurs yeux se rencontrent. Kimberley, elle, se poudre le nez en se mirant dans son accessoire de poche
– d’ailleurs, tu aurais pu me prévenir pour ce voyage. J’aurais pu m’organiser convenablement et prévenir maman et faire ma valise et…
– chérie, il ne s’agit que d’un we, on ne s’en va pas pour un mois. Un sac a été préparé à ton attention. Et si vraiment ça ne convient pas, je te payerai ce dont tu as besoin.
– quand même, on n’a pas idée de partir sur un coup de tête. Tu sais que j’adore les surprises mais ceci, est ce bien raisonnable ?
– attend de voir où je t’emmène
Ils se regardent langoureusement. Le taximan jette un nouveau regard dans son rétroviseur.
Kimberley s’applique un rouge à lèvre. Le taxi s’engage dans la zone de déchargement rapide. Au loin, un avion effectue le contrôle de ses hélices
– bienvenue à bord Monsieur
Le jet ayant embarqué ses unique passagers ne tarde pas à démarrer. Kevin claque des doigts. Deux coupes d’un breuvage pétillant arrivent sur un plateau
– que se passe-t-il Kevin ? tu m’as l’air bizarre, tu vas bien? tu es tout rouge. Et pourquoi tu n’arrêtes pas de fixer mon verre ? Je suis habituée à ce que tu ne me regardes pas dans les yeux mais quand même, en général c’est plutôt vue sur le balcon
Elle réajuste son push-up parfaitement à sa place. Les yeux de Kevin passent de Kimberley à son verre puis du verre de Kimberley à sa bouche. C’est à ce moment précis, enfin, que Kimberley découvre la chose au fond de sa coupe et que Kevin ne se trouve plus en face d’elle mais un genou à terre.
– Kimberley. J’ai tout. De l’argent, des sociétés, des appartements dans chaque coin du monde, mon jet privé. Mais je ne suis réellement devenu un homme riche que depuis que je t’ai rencontrée. Le jour où j’ai poussé la porte de ce salon de coiffure dans le Queens restera gravée à jamais. Le seul souvenir de tes mains si douces… Tu es la beauté de ma vie, le soleil de mes nuits, l’air qui me maintient en vie. Et même si t’avoir à mes côtés, c’est avoir ta mère sur le dos… Kimberley ? Veux-tu m’épouser
 – FIN –

Au point du vue du cesm*

Seul face au vent

ça fait des heures que j’attends

Les pieds dans l’herbe

perdu dans l’immensité d’un ciel bleu majestueux.

De temps à autre, les rongeurs sautillent

à la recherche de quelques croustilles.

Passent les nuages et voltigent les guêpes.

Au loin, les prémisses automnales

d’un rouge téméraire

et les feuilles plates, pâles

tombant à terre

Je domine la colline du centre environnemental

les fissures de mon bois soutiennent, subissent, apaisent depuis bien longtemps

Pourtant, tout au long de l’année,

les marcheurs estivaux me délaissent à la recherche de coins d’ombres

les cyclistes me narguent

les coureurs m’envient

les skieurs de fond hésitent, jaugent, mesurent la qualité de ma neige

Aujourd’hui,

j’ai rendez-vous avec l’homme aux jumelles

chaque fin de semaine, depuis le printemps, il vient me rendre visite

et nous passons de nombreuses heures, taiseux

admirant et reconnaissant le panorama qui se profile sous nos yeux

à la fin de l’été, je dois l’avouer, je me sens angoissé

la saison changeante, incertaine,

souvent froide ou pluvieuse

vient contrecarrer mes visites adorées

alors, dominant l’horizon et mes raisons,

je patiente silencieux

respectueux du bonheur paysagé qui m’est donné

et lorsque le vieil homme chez moi vient se poser

je suis le banc le plus heureux qui puisse exister

 

La consigne: les états d'âme d'un objet des villes (depuis MTl)

* Centre Environnemental Saint-Michel, Montréal, Québec