La consigne: faire dialoguer Il & Elle autour du concept d'altérité
– mais je peux pas partir en laissant ça comme ça
– pas le temps, ça urge. On y va. Maintenant !
– mais y a Aristote et le gaz. Mes plantes. Et maman
Il la tire par le bras et la sort de l’appartement. Il claque la porte et dévalent les escaliers dans le noir
– j’ai jamais compris pourquoi tu t’évertues à la laisser empiéter comme ça… Elle s’occupera du chat. Viens !
– elle passera pas avant demain et Aristote…
– cours, on n’a plus le temps
Le moteur d’un taxi ronfle devant l’immeuble
(au chauffeur)
– maintenant à l’aéroport et prenez le chemin le plus court
– tu l’as jamais aimée hein ma mère. Avoue ? Bon, c’est vrai qu’elle a son caractère mais personne n’est parfait
– chérie, écoute, pour une fois qu’on a l’occasion de prendre du temps pour nous, laissons ta mère en dehors de ça, ok ?
– tu peux pas sans cesse esquiver le sujet Kevin, ma mère c’est pas une poussière qu’on éjecte d’une chiquenaude, c’est une personne Kevin, et si j’ai décidé de parler de ma mère, on parlera de ma mère
Kevin soupire. Le taximan jette un regard dans son rétro. Leurs yeux se rencontrent. Kimberley, elle, se poudre le nez en se mirant dans son accessoire de poche
– d’ailleurs, tu aurais pu me prévenir pour ce voyage. J’aurais pu m’organiser convenablement et prévenir maman et faire ma valise et…
– chérie, il ne s’agit que d’un we, on ne s’en va pas pour un mois. Un sac a été préparé à ton attention. Et si vraiment ça ne convient pas, je te payerai ce dont tu as besoin.
– quand même, on n’a pas idée de partir sur un coup de tête. Tu sais que j’adore les surprises mais ceci, est ce bien raisonnable ?
– attend de voir où je t’emmène
Ils se regardent langoureusement. Le taximan jette un nouveau regard dans son rétroviseur.
Kimberley s’applique un rouge à lèvre. Le taxi s’engage dans la zone de déchargement rapide. Au loin, un avion effectue le contrôle de ses hélices
– bienvenue à bord Monsieur
Le jet ayant embarqué ses unique passagers ne tarde pas à démarrer. Kevin claque des doigts. Deux coupes d’un breuvage pétillant arrivent sur un plateau
– que se passe-t-il Kevin ? tu m’as l’air bizarre, tu vas bien? tu es tout rouge. Et pourquoi tu n’arrêtes pas de fixer mon verre ? Je suis habituée à ce que tu ne me regardes pas dans les yeux mais quand même, en général c’est plutôt vue sur le balcon
Elle réajuste son push-up parfaitement à sa place. Les yeux de Kevin passent de Kimberley à son verre puis du verre de Kimberley à sa bouche. C’est à ce moment précis, enfin, que Kimberley découvre la chose au fond de sa coupe et que Kevin ne se trouve plus en face d’elle mais un genou à terre.
– Kimberley. J’ai tout. De l’argent, des sociétés, des appartements dans chaque coin du monde, mon jet privé. Mais je ne suis réellement devenu un homme riche que depuis que je t’ai rencontrée. Le jour où j’ai poussé la porte de ce salon de coiffure dans le Queens restera gravée à jamais. Le seul souvenir de tes mains si douces… Tu es la beauté de ma vie, le soleil de mes nuits, l’air qui me maintient en vie. Et même si t’avoir à mes côtés, c’est avoir ta mère sur le dos… Kimberley ? Veux-tu m’épouser
– FIN –