Aux enfants de la toile qui grimpent vers les étoiles
Les drapeaux de prières flottent au vent. Un moineau s’offre à ma vue, il vient chiper une brindille sur la jardinière. Il serait grand temps que je la refleurisse.
Quand je suis arrivée dans cet appartement, au coeur du centre ville, je ne l’avais pas choisi. À cette époque, mon corps n’était plus capable d’emmagasiner la moindre dose de stress. Je me souviens que la mairie parlait de réaménager la zone pour construire une tour à habitations juste à la place de cette toile qui n’aurait même pas été déplacée. Elle aura juste disparu, comme ça, Pouf !
Alors que je le vois bien, moi, qu’il n’y a pas plus investie qu’elle.
Tous les petits spidermen, du soir au matin ; des alpinistes sur le toit du monde, des navigateurs scrutants l’horizon, des champions sur le haut du podium, des oiseaux dans leur nid, des aigles royaux, des singes grimpeurs, plein de vitalité, bipèdes peu farouches, des explorateurs cosmonautes, des pirates funambules…
Depuis ma fenêtre, j’observe, le sourire aux lèvres,
l’instant des multiples possibles,
la victoire des morceaux de liberté
sur les briques encimentées.
L’immeuble ne sera jamais construit.
Aussi longtemps que je resterai ici, je n’aurai pas de vis-à-vis.
Je pourrai continuer à regarder l’immensité du ciel
et être témoin des joies et des peines
des enfants de la toile
grimpant vers leurs étoiles.